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POLYBE, LIV. XXVIII.

qu’à se rappeler ce qui arriva peu de temps après chez les Rhodiens.

Du camp du consul, Agésipolis fut trouver C. Marcius Figulus, de l’accueil duquel il eut encore beaucoup plus lieu d’être flatté que de celui que lui avait fait Q. Marcius. De là il s’en retourna à Rhodes. Quand il y eut apporté l’espèce d’émulation qu’il avait remarquée entre les deux généraux romains à qui lui ferait le plus de politesses, à qui marquerait dans ses réponses plus d’amitié et d’affection pour la république rhodienne, on prit une grande idée de l’état présent des affaires, on en conçut de bonnes espérances, mais chacun par des vues différentes. Les plus sages, ceux qui entendaient le mieux les intérêts de leur patrie, apprirent avec une extrême joie qu’elle était aimée des Romains ; mais les brouillons, les gens malintentionnés, interprétèrent tout autrement ces grands témoignages d’amitié : ils les prirent pour une marque certaine que les Romains craignaient, et que les affaires ne prenaient pas le train qu’ils souhaitaient. Ce fut bien pis quand Agésipolis eut dit à quelques-uns de ses amis qu’en particulier il avait reçu ordre de porter le conseil à ménager un accommodement entre Antiochus et Ptolémée. Dinon ne douta plus alors que les Romains ne fussent extrêmement pressés et ne désespérassent du succès de la guerre. Sur-le-champ on envoya des ambassadeurs à Alexandrie pour finir la guerre qui était entre les deux rois. (Ambassades.) Dom Thuillier.


V.


Comment se conduisit Antiochus après la conquête de l’Égypte. — Différentes ambassades qu’il y trouva.


Après qu’Antiochus se fut rendu maître de l’Égypte, Coman et Cinéas, se consultant avec le roi, jugèrent qu’il était à propos de composer des officiers les plus distingués un conseil qui réglerait toutes les affaires du pays nouvellement conquis. La première chose que résolut ce conseil fut que tous les ambassadeurs qui de Grèce étaient venus en Égypte iraient trouver Antiochus pour traiter de la paix. Or, de la part des Achéens, il y avait deux ambassades, une pour renouveler l’alliance, Alcithe, Xénophon et Pasiadas avaient été choisis pour celle-là ; l’autre avait pour objet les combats des athlètes. Démarate y avait été envoyé par les Athéniens pour faire un présent à Ptolémée, Callias au sujet des fêtes de Minerve, et Cloodate pour les mystères. De Milet étaient venus Eudème et Icézius, de Clazomène Apollonidas et Apollonius. Antiochus lui-même y avait envoyé Tlépolème et un rhéteur nommé Ptolémée, qui tous deux remontant le fleuve allèrent au-devant du vainqueur. (Ibid.)


Conférence des ambassadeurs de la Grèce avec Antiochus après la conquête de l’Égypte. — Raisons sur lesquelles les rois de Syrie appuient leurs prétentions sur la Cœlé-Syrie.


Antiochus reçut avec bonté les ambassadeurs qui lui avaient été envoyés pour négocier une paix. Il commença par les inviter à un grand repas, ensuite il leur donna audience et leur permit de s’expliquer sur les affaires dont ils étaient chargés. Ceux des Achéens parlèrent les premiers ; après eux Démarate qui était venu de la part des Athéniens, et ensuite le Milésien Eudème. Comme ils avaient tous été députés dans les mêmes conjonctures et pour les mêmes affaires, ils dirent tous à peu près les mêmes choses. Tous rejetèrent ce qui était arrivé à Eulée