Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/963

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
955
POLYBE, LIV. XXX.

de laquelle était Théætète, avait à peine mis à la voile, que les Cauniens se détachèrent de Rhodes, et que les Mylassiens s’emparèrent des villes des Euromiens. Vers le même temps, il vint de Rome un sénatus-consulte, qui déclarait libres et indépendans les Cariens et les Lyciens, peuples que le sénat, après la guerre d’Antiochus, avait attribués aux Rhodiens. Il ne leur coûta pas beaucoup pour réduire les Cauniens et les Euromiens : ils en fuient quittes pour envoyer contre eux Lycus avec des troupes qui les eurent bientôt rangés à leur devoir, quoiqu’ils fussent secourus des Cybarates. On passa ensuite chez les Euromiens, et on défit en bataille rangée les Mylassiens et les Alabandiens qui étaient venus en corps d’armée à Orthosie. Mais le décret romain en faveur des Cariens et des Lyciens leur causa beaucoup d’inquiétudes. Cela leur fit craindre que la couronne envoyée à Rome ne leur produisît aucun fruit, et qu’ils n’eussent espéré vainement l’honneur qu’ils ambitionnaient, de devenir alliés des Romains. (Ambassades.) Dom Thuillier.


Antiochus.


Les indignes stratagèmes dont ce prince se servit à Péluse ternissent extrêmement sa mémoire. Hors cela, l’on ne peut nier qu’il n’ait été vigilant, actif et digne du titré auguste de roi. (Vertus et Vices.) Dom Thuillier.


Dinon et Polyarate.


Il faut commencer par instruire le lecteur de la politique de ces deux Grecs ; car, dans les tristes conjonctures où l’on se trouvait alors, il se fit de grands changemens non-seulement chez les Rhodiens, mais encore dans presque tous les autres états. Or, il est bon d’examiner et de connaître quelles furent dans ce temps-là les dispositions de ceux qui gouvernaient, et lesquels d’entre eux semblèrent prendre le parti le plus raisonnable ou s’en écartèrent. Nos descendans ayant ce tableau sous les yeux y apprendront ce qu’ils doivent faire ou éviter, lorsqu’ils se rencontreront dans des circonstances pareilles. Rien n’est plus important pour empêcher que, manquant à leur devoir sur la fin de leurs jours, ils ne perdent la gloire que leur vie passée leur aurait acquise.

Du temps de la guerre contre Persée, il y eut trois sortes de personnes que les Romains soupçonnèrent de ne leur être pas favorables. Les premiers furent ceux qui, voyant à regret tout l’univers prêt à subir la loi d’une seule puissance, ne donnaient de secours ni ne s’opposaient aux Romains, mais abandonnaient les événemens à la fortune et en attendaient tranquillement le succès. La seconde classe fut de ceux qui voyaient avec plaisir la Macédoine aux mains avec la république romaine et qui souhaitaient que Persée sortit victorieux de cette guerre, mais ne pouvaient inspirer leurs sentimens et leurs inclinations aux peuples qu’ils conduisaient. La troisième enfin fut de ceux qui avaient engagé et entraîné les états qu’ils gouvernaient dans le parti de Persée. Considérons maintenant comment tous ces politiques se conduisirent.

Antinoüs, Théodore, Céphale et la fraction qui leur était contraire, firent embrasser aux Molosses les intérêts de Persée. Le danger ne les étonna pas ; ils virent sans frayeur leur dernier moment s’approcher ; tous, sans s’ébranler, persistèrent dans leurs premiers