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POLYBE, LIV. XXXI.

se disposait à donner à Daphné. Aussi les Grecs ne manquèrent pas de se rendre en foule et avec le plus grand empressement vers lui ; il ouvrit donc cette fête par ce pompeux cortège : cinq mille jeunes gens d’élite, armés à la romaine et couverts de cottes de mailles, marchaient en tête. Immédiatement après eux suivaient cinq mille Mysiens et trois mille Ciliciens armés en troupe légère, la tête ceinte d’une couronne d’or. Trois mille Thraces et cinq mille Galates marchaient derrière eux, précédant vingt mille Macédoniens et cinq mille fantassins armés de boucliers d’airain ; sans compter une troupe d’argyraspides suivis de deux cent quarante paires de gladiateurs, après lesquels s’avançaient mille cavaliers montés sur des chevaux de Nise, et trois mille sur des chevaux du pays. La plus grande partie de ces chevaux avaient des harnais tout couverts d’or, et les cavaliers des couronnes d’or : l’argent brillait sur les harnais des autres. La troupe de cavalerie, appelée les compagnons, en nombre de mille, et dont les chevaux étaient harnachés en or, précédait à leur suite le corps des amis, dont le nombre était égal, et les harnais d’une pareille richesse. Cette marche était soutenue par mille hommes d’élite que suivait le corps appelé la cohorte, composé d’environ mille hommes, qui faisaient la troupe la plus forte de la cavalerie. Enfin les cataphractes, au nombre de quinze cents cavaliers, armés de toutes pièces, couverts, comme leurs chevaux, d’une manière analogue au reste de la troupe, s’avançaient les derniers.

Tous ces différens corps avaient des surtouts de pourpre ; plusieurs en avaient même de brochés en or, où l’on voyait des figures d’animaux. On vit aussi s’avancer cent chars à six chevaux, quarante à quatre, un char attelé de quatre éléphans, et un autre où il y en avait deux ; trente-six éléphans marchaient ensuite séparément les uns après les autres. Il serait difficile de donner ici les autres détails de ce cortége particulier ; il faut donc se contenter de les rapporter successivement. Huit cents jeunes gens environ accompagnaient la marche avec des couronnes d’or, menant mille bœufs gras. Il y avait à peu près trois cents tables consacrées à ces cérémonies, et huit cents dents d’éléphant.

Quant au nombre des statues, il est impossible de le dire au juste ; car on y porta en pompe celles de tous les dieux et génies reconnus pour tels chez les hommes, sans excepter celles des héros. Les unes étaient dorées, les autres revêtues de robes de drap d’or ; on les avait richement accompagnées de tous les attributs qui étaient particuliers à chacune, selon les traditions vulgaires conservées dans l’histoire.

Elles étaient suivies des statues de la Nuit, du Jour, de la Terre, du Ciel, de l’Aurore et du Midi. On peut conjecturer de ce qui suit quelle était la quantité des vases d’or et d’argent. Denys, l’un des amis d’Antiochus, et son secrétaire pour les lettres, avait fait venir à ce cortége mille enfans portant chacun un vase d’argent, qui ne pesait pas moins de mille drachmes. Six cents autres enfans, que le roi avait réunis, marchaient à leur suite, portant aussi des vases d’or. Deux cents femmes, ayant chacune un pot de parfum, en faisaient des aspersions le long de la marche. Après elles s’avançaient en pompe quatre-vingts femmes assises sur des brancards à pieds d’or, et cinq cents autres femmes sur des brancards à pieds d’argent, toutes richement parées. Voilà ce qu’il y avait de plus brillant dans ce pompeux cortége.

Il y eut des combats gymnastiques,