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Versaillais, le 24 mai, dans la cour de l’École polytechnique, a laissé un rapport très étudié sur la suppression des bureaux de bienfaisance qui enchaînent le pauvre au gouvernement et au clergé. Il proposait de les remplacer par un bureau d’assistance dans chaque arrondissement, sous la direction d’un comité communal [1].

La télégraphie, l’enregistrement et les domaines, habilement dirigés par l’honnête Fontaine ; les services des contributions, remis entièrement sur pied par Faillet et Combault ; l’Imprimerie Nationale, que Debock et Alavoine réorganisèrent, administrèrent avec dextérité [2] ; et les autres services rattachés aux Finances, réservés d’ordinaire à la haute bourgeoisie, furent maniés avec habileté et économie — le maximum des traitements — 6 000 francs — ne fut jamais atteint — par des hommes qui n’étaient pas de la carrière et ce ne fut pas un de leur moindre crime aux yeux de la bourgeoisie versaillaise.

Comparé à celui des Finances, le service de la Guerre était une chambre obscure où tout le monde se heurtait. Les officiers, les gardes, encombraient les bureaux du ministère, réclamant des munitions, des vivres, se plaignant de n’être pas relevés. On les renvoyait à la Place, d’abord gouvernée par le colonel Henry Prodhomme, puis par Dombrowski. À l’étage inférieur, le Comité Central, installé par Cluseret, s’agitait en séances diffuses, blâmait le délégué, s’amusait à créer un insigne, recevait les mécontents, demandait des situations à l’état-major général, prétendait donner son avis sur les opérations militaires. De son côté, le comité d’artillerie, né du 18 mars, disputait les canons à la Guerre. Elle avait ceux du Champ-de-Mars et le comité ceux de Montmartre. Jamais on ne put créer un parc central, ni même savoir le nombre exact des bouches à feu. Il s’éleva à plus de onze cents, canons, obusiers, mortiers et mitrailleuses. Des pièces à longue portée restèrent, jusqu’au dernier moment, couchées le long des rem-

  1. Appendice VIII.
  2. Appendice IX.