Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/339

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
325
HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

plus glorieuse fin puis-je espérer que celle de la barricade ! Mais quand je vois autour de moi tant de têtes blondes, je tremble pour l’avenir de la Révolution !… » Il demande qu’on dresse un procès-verbal des présents afin de bien marquer qui était à son devoir, signe, et, l’œil humide, ayant salué ses collègues, le vieux comédien court se cacher dans quelque cave, éclipsant par cette lâcheté dernière toutes ses vilenies passées.

Réunion stérile où l’on ne fait qu’échanger des nouvelles. Nul ne se préoccupe de donner une impulsion, un système à la défense. Les fédérés sont abandonnés à leur inspiration. Pendant toute la nuit dernière, ni Dombrowski, ni la Guerre, ni l’Hôtel-de-Ville n’ont songé aux bataillons du dehors. Chaque corps n’a plus rien à attendre que de son initiative, des ressources qu’il saura se créer et de l’intelligence de ses chefs.

À défaut de direction, les proclamations du Comité de salut public ne manquent pas. À midi il affiche :

« Que les bons citoyens se lèvent ! Aux barricades ! L’ennemi est dans nos murs… Pas d’hésitation. En avant pour la Commune et pour la liberté. Aux armes ! »

Une heure après :

Au peuple de Paris.

«… Le peuple qui détrône les rois, qui détruit les Bastilles, le peuple de 89 et de 93, le peuple de la Révolution ne peut perdre en un jour le fruit de l’émancipation du 18 Mars… Aux armes ! Donc, aux armes !

« Que Paris se hérisse de barricades et que derrière ces remparts improvisés il jette encore à ses ennemis son cri de guerre, cri d’orgueil, cri de défi, mais aussi cri de victoire ; car Paris avec ses barricades est inexpugnable.

« Hotel-de-Ville, 2 prairial an 79. »

Grands mots, rien que des mots.

Midi. — Le général Cissey a envahi l’esplanade des Invalides et ses soldats s’engagent dans la rue de Grenelle-Saint-Germain ; l’École d’état-major saute en l’air et les met en fuite. Deux canons fédérés enfilent la rue de l’Université. Quatre canonnières, embossées sous le Pont-Royal, gardent le fleuve et obusent le Trocadéro. Au centre, dans le VIIIe, les Versaillais