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APPENDICE

grand nombre ; je fais fermer et occuper militairement les portes et je parcours les groupes, discutant, menaçant. Enfin, je donnai l’ordre à chacun de rentrer dans les bureaux. Là, un auxiliaire précieux m’arriva, le citoyen Coulon, employé des postes, socialiste, pour lequel j’avais une lettre d’un ami. Il eut un moment d’hésitation. Père de famille, très bien noté, sûr d’un avancement prochain, il allait risquer une place avantageuse. Mais son hésitation ne dura que quelques secondes. Il me promit son concours et il me le donna fidèlement jusqu’au dernier jour. Il a payé ce dévouement d’une révocation. Il fit mieux que de m’aider ; il me mit en rapport avec le citoyen Massen, ancien employé des postes, et qui devint bientôt mon second. Tous deux m’ont fourni sur cette administration, dont j’ignorais les plus simples rouages, des renseignements d’utilité première.

« Tous les chefs de bureau avaient abandonné leur poste, les sous-chefs également, sauf un seul qui se fit aussitôt porter malade. Coulon et Massen s’entourèrent de quelques amis, premiers commis qui faisaient depuis longtemps toute la besogne des chefs de bureau. Le citoyen Mauvies, ancien directeur de province, fut mis à la tête du service de Paris.

« Tous les bureaux divisionnaires avaient été fermés et abandonnés, à l’exception de deux. Le matériel indispensable aux opérations élémentaires avait été détourné, la caisse mise à sec, ainsi qu’il fut constaté dans un procès-verbal dressé par un commissaire de la Commune assisté de plusieurs notables du quartier, parmi lesquels M. Brelay, depuis député de Paris. Les timbres-postes, cachés ou emportés, manquaient. Les voitures avaient pris la route de Versailles, plus des neuf dixièmes du personnel avaient disparu, les facteurs et les garçons de bureau exceptés.

« Plusieurs jours à l’avance, des paquets de service contenant des papiers administratifs avec la mention : « À conserver jusqu’à nouvel ordre sans ouvrir » avaient été envoyés aux directeurs et receveurs principaux de province. Quelques-uns de ces paquets furent saisis par nous.

« Ainsi les engagements formels pris par M. Rampont n’avaient d’autre but que de gagner du temps pour rendre impossible la réorganisation du service.

« Massen et Coulon, d’autres encore, d’un zèle infatigable, firent ouvrir par des serruriers les bureaux divisionnaires, en présence des commissaires de police de quartier, et installèrent des citoyens de bonne volonté dont ils surveillaient l’apprentissage. Mais il y eut deux