Page:Lissagaray - Jacques Bonhomme, Armand Le Chevalier, 1870.djvu/115

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une loi par laquelle, sur un simple ordre de sa police, tout Français put être arrêté ou transporté.

Et alors la danse commença. Les fusillades, les arrestations, les déportations, les vols du Coup d’État avaient été conçus, combinés, dirigés par un boursier ruiné, énergique, audacieux, risquant gaiement sa peau, chevalier de la haute industrie, mâtiné de proxénète : Morny. Il reçut carte blanche, appela à la curée la bande des hommes à tout faire et de forte trempe, généraux, fonctionnaires, spéculateurs. Aux uns, il livra l’Algérie et ses plantureux bureaux arabes, à ceux-ci les fonctions publiques, aux autres les concessions de mines, de chemins de fer, de canaux, de travaux publics. Ce fut pendant les premières années de l’Empire un despotisme tempéré par la débauche et le macairisme. Des milliers de sociétés s’organisèrent librement, et ces francs coquins purent à leur aise aller pomper l’épargne jusqu’au fond des campagnes. Députés, fonctionnaires, ministres, usant des secrets d’État, faisant ainsi la hausse et la baisse, tripotèrent avec fureur à la Bourse, dans les entreprises industrielles, et y bâtirent de scanda-