Page:Lissagaray - Jacques Bonhomme, Armand Le Chevalier, 1870.djvu/37

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l’aïeul du roi avait martyrisé. Et bien d’autres inconnus, auxquels on faisait fête, parce qu’ils se disaient peuple. Mais lorsque parurent les nobles et le haut clergé, couverts de velours et de dentelles, le chapeau à plumes orgueilleusement retroussé, les applaudissements cessèrent, un silence glacial accueillit ces privilégiés.

La séance royale ouverte, on fit très-nettement comprendre au tiers-état qu’il était convoqué pour donner de l’argent et non pour attenter aux priviléges de la noblesse et du clergé. Puis on pria les États de s’entendre afin de remplir au plus vite les coffres royaux.

Mais ni le clergé ni la noblesse ne daignèrent délibérer avec le tiers-état. Ce dernier, aussi nombreux à lui seul que la noblesse et le clergé réunis, demandait le vote par tête ; nobles et prêtres n’entendaient voter que par ordre, certains de s’accorder toujours pour écraser ces bourgeois. Ces bourgeois tinrent bon, invitant chaque jour les deux ordres à venir délibérer avec eux. Un mois ils attendirent. Alors, se souvenant qu’ils représentaient au moins les quatre-vingt-seize centièmes de la nation. « Le tiers-état ne peut pas former des États-Géné-