Page:Lissagaray - Jacques Bonhomme, Armand Le Chevalier, 1870.djvu/76

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tion. Corse, rusé, souple, audacieux, il soude habilement a sa fortune, les repus, les habiles, les ambitieux, tous les employés du gouvernement, tous ceux qui aspirent à l’être, tous les hommes timides qui préfèrent le calme de la servitude aux orages de la Liberté. Aidé de cette tourbe, soutenu par la riche bourgeoisie que représente Sieyès, commandant la force armée de Paris, il chasse par la force des baïonnettes la représentation nationale (18 brumaire, 2 novembre 1799). Puis, il se présente au peuple comme son sauveur : c’était Napoléon Bonaparte.

Ce coup frappa, étonna la nation. Malgré l’affaiblissement des caractères, un principe était encore gravé au fond des âmes : le respect de la loi. Les plus fiers, les plus illustres généraux à la tête de leurs armées, tremblaient devant les commissaires de la Convention. Les quarante mille hommes de l’armée de Custine, réclamant avec des menaces atroces leur chef mandé à la barre de l’Assemblée, il suffit au conventionnel Levasseur, pour faire tout rentrer dans le silence, de parcourir le front des troupes, la pointe du sabre basse, et de dire : « Qu’on sache bien qu’il n’y a qu’un chef ici, c’est moi ! » Et un soldat osait