Page:Lissagaray - Jacques Bonhomme, Armand Le Chevalier, 1870.djvu/90

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depuis des siècles il dévorait des yeux. Il savait comme on les cultive, comment des sillons arides on peut faire jaillir des trésors. Que de Jacques s’enfermèrent dans leur carré de terre comme dans un palais et certains du travail, travaillèrent heureux sans inquiétude du lendemain.

Mais le Jacques des villes, sujet du roi, du maître, du contre-maître, car à tout ce monde il fallait plaire pour parvenir à échanger sa sueur contre un morceau de pain, qu’avait-il gagné à la Révolution ? Elle l’affranchit des jurandes et des maîtrises, oui, certes, mais lui donnait-elle autre chose que le droit de travailler où et quand il le pourrait ? Au paysan de beaux champs au soleil. Mais pour l’ouvrier, où était l’outil ? Pendant que le campagnard, maître de sa culture, s’élevait parfois à un degré inconnu de prospérité, le prolétaire des villes, serf du capital, de l’outillage et de l’ignorance, errait exténué, amaigri, autour des ateliers de l’ancien maître, présentant au rabais ses bras à la concurrence meurtrière, « De nouveaux seigneurs, non moins cruels s’élèvent sur les ruines de la féodalité, » avait dit Chaumette à la Commune si humaine de Paris. D’autres trahissant l’in-