Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/114

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fourgons remplis de cartouches et de poudre, Dans la salle des mariages, où l’on avait établi la sûreté générale, on pénétrait confusément malgré la consigne des sentinelles. Sur les chaises, sur les bancs, par terre, des officiers, des fonctionnaires reposaient. Le délégué à la sûreté siégeait sur l’estrade, assisté de deux secrétaires assis en contre-bas. Il donnait des ordres, visait des permis, interrogeait les gens qu’on lui amenait, jugeait, décidait, parlant d’une voix polie, douce et basse, avec tranquillité. Nous revîmes dans les bureaux de la guerre installés en face de la Sûreté, X qui, comme la veille à l’Hôtel de ville, distribuait des ordres, au milieu du même bruit et avec la même sérénité. Le danger semblait encore avoir accru son inaltérable sang-froid.

Certains hommes se révélèrent à cette heure d’une trempe surhumaine, surtout parmi les acteurs secondaires du mouvement. Ils sentaient que tout était perdu, que leurs efforts étaient inutiles, qu’ils allaient mourir, et, au milieu de cette fournaise ils conservèrent le cœur tranquille, l’esprit lucide, la volonté froide. Jamais aucun gouvernement n’eut à sa disposition une aussi grande somme d’intelligence et d’héroïsme, que celui de la Com-