Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/116

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à sept heures et demie. Devant la porte, je dis aux gardes : Six otages vont être exécutes, qui va former le peloton ?

» Un grand nombre se présentèrent. L’un s’avança et dit avec un geste terrible : « Je venge mon père. » — Un autre : « Je venge mon frère. » — « Moi. dit un garde, ils ont fusillé ma femme. » Chacun mettait en avant ses droits à la vengeance. Je pris trente hommes et j’entrai.

» On m’apporta le registre d’écrou. Darboy, Bonjean, Ducoudray, Allard, Clerc et Jecker furent choisis, mais Jecker fut en dernier lieu remplacé par Deguerry.

» On les fit descendre de leur cellulle. Darboy se disculpait, balbutiant : « Je ne suis pas l’ennemi de la Commune. J’ai fait cependant ce que j’ai pu. J’ai écrit deux fois à Versailles. » Fort effrayé d’abord, il se remit un peu quand la mort lui parut inévitable, au pied du mur. Bonjean ne pouvait se tenir debout. « Qui nous condamne ? a-t-il dit. » J’ai répondu : « La justice du peu-

    pieds de l’archevêque, lui demandant pardon. La composition du peloton suffit à démentir cette fable produite par un ecclésiastique. De même pour toutes les paroles historiques qu’on prête à l’archevêque, elles sont absolument fausses : il ne parla que de ses démarches à Versailles.