Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/181

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

blicains. Le docteur Tony-Moilin, étranger aux actes de la Commune, mais qui avait été impliqué dans plusieurs procès de l’empire fut en quelques minutes jugé et condamné à mort, « non, voulurent bien lui dire ses juges, qu’il eût commis aucun acte qui la méritât, mais parce qu’il était un des chefs du parti socialiste, dangereux par ses talents, son caractère et son influence sur les masses, un de ces hommes enfin dont un gouvernement prudent et sage doit se débarrasser quand il en trouve l’occasion légitime[1]. »

Et cependant, les procédés expéditifs des cours martiales lassaient la patience de certains généraux. Le marquis de Gallifet, atteint d’une sorte d’hystérie sanguinaire, faisait arrêter de temps en temps pour les éclaircir les colonnes de prisonniers qu’il conduisait à Versailles. A l’Arc-de-Triomphe, il en fusilla d’abord 82, puis 20 pompiers, puis une douzaine de femmes. Le dimanche matin, 28, à Passy, il arrêta une colonne de 2,000 fédérés et cria :

— Que ceux qui ont des cheveux blancs, sortent des rangs.

Cent onze fédérés sortirent des rangs et furent aussitôt fusillés dans les fossés. Pour ceux--

  1. Voy. l’appendice, note 2,