Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/182

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là la circonstance aggravante était d’être contemporains de juin 48.

Non-seulement le fait d’avoir pris les armes pour la Commune suffisait pour provoquer la mort, mais on considérait comme un crime capital d’avoir participé à un service quelconque de son administration. Sur la place de la Concorde, un employé, coupable d’avoir télégraphié pour la Commune, fut exécuté. On pouvait aller loin dans cette voie et fusiller pour la même raison tous ceux qui avaient fait des chaussures, cuit du pain, etc., pour les Communalistes. L’armée, fort disposée à pratiquer cette logique, semblait craindre que Versailles ne montrât quelque mollesse. « N’envoyez pas X à Versailles, disait un officier supérieur à un autre ; mais faites-lui son affaire à Paris, car à Versailles on ne le fusillera pas. »

Comment justifier cette fureur ? Tous les journaux versaillais ont dit que les pertes des troupes avaient été extrêmement faibles. Le rapport officiel accuse seulement 877 morts, et 6,455 blessés, officiers et soldats. Les exécutions n’avaient donc pas l’excuse de la colère, des vengeances. Quand une poignée d’hommes, sans discipline, aux portes de la mort, n’obéissant qu’à leur désespoir, massacrent dans un