Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/188

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publia le récit d’un chirurgien militaire qui connaissait Vallès et avait assisté à son exécution.

« Le fait, disait-il, s’est passé le jeudi 25 mai, à six heures et quelques minutes du soir, dans la petite rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois. Vallès sortait du théâtre du Châtelet, emmené par le peloton d’exécution chargé de le fusiller. Il était vêtu d’une jaquette noire et d’un pantalon clair d’une nuance jaunâtre. Une portait point de chapeau, et sa barbe, qu’il avait fait raser peu de temps auparavant, était fort courte et déjà grisonnante.

» En entrant dans la ruelle où devait s’accomplir la funèbre sentence, le sentiment de la conservation lui rendit l’énergie qui semblait l’avoir abandonné. Il voulut s’enfuir, mais retenu par les soldats, il entra dans une fureur horrible, criant : « A l’assassin ! » se tordant, saisissant ses exécuteurs à la gorge, les mordant, opposant, en un mot, une résistance désespérée.

» Les soldats commençaient à être embarrassés et quelque peu émus de cette horrible lutte, lorsque l’un d’eux, passant derrière lui, lui donna un si furieux coup de crosse dans les reins, que le malheureux tomba avec un sourd gémissement.