Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Sans doute la colonne vertébrale était brisée ; on lui tira alors quelques coups de feu en plein corps et on le larda de coups de baïonnette ; connue il respirait encore, un des exécuteurs s’approcha et lui déchargea son chassepot dans l’oreille. Une partie du crâne sautant, son corps fut abandonné dans le ruisseau, en attendant qu’on vînt le relever.

» C’est alors que les spectateurs de cette scène s’approchèrent, et, malgré les blessures qui le défiguraient, purent constater son identité. »

Or, Vallès ne fut jamais pris, et il put se réfugier à l’étranger. Évidemment, on avait fusillé quelque malheureux à sa place. Des témoins oculaires affirmèrent aussi avoir assisté à l’exécution de Lefrançais, membre de la Commune, recommandable par son talent de parole et l’intégrité de son caractère. Reconnu, comme Vallès, par la foule, il avait été, disait-on, fusillé le jeudi, rue de la Banque, contre la maison portant le numéro 15. Or, en dépit de son exécution, Lefrançais, comme son collègue, put gagner l’étranger. Certains membres de la Commune furent ainsi fusillés une demi-douzaine de fois dans la personne d’individus qui leur ressemblaient plus ou moins. Au quartier Latin, on exécuta trois employés de commerce