Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/202

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» — Oh ! les deux, petite mère ! les deux.

» — Alors, voilà ce que nous allons faire : nous irons d’abord où sont les morts ; nous déjeunerons n’importe comment…

» — Nous emporterons un morceau de pain.

» — Et si je ne suis pas trop fatiguée, nous irons voir les incendies pour notre dessert.

» Et les fillettes battent des mains. »[1]

Filles et femmes du peuple, mortes si héroïquement pour la Commune, c’étaient vos cadavres que ces femmes allaient contempler. Et vous n’eûtes d’autre épitaplie que ce mot de M. Dumas fils : « Nous ne dirons rien de ces femelles par respect pour les femmes à qui elles ressemblent quand elles sont mortes. »

Si l’on veut apprécier le degré d’immoralité, l’absence de toute pudeur, qui caractérisaient cette haute société versaillaise, qu’on lise cet extrait du Français, journal ultra-conservateur :

« Sur le chemin de halage, le long de la Seine, étaient étendus une cinquantaine de cadavres d’insurgés, les uns nus, les autres couverts de haillons. Des ouvriers enlevaient le pavé pour les enterrer. Sur le parapet, une

  1. Paris-Journal.