Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/208

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l’ordre de transformer les tombes en souricières[1].

On vit par ces exhumations qu’un grand nombre de fédérés avaient été enterrés vivants. Au square Saint-Jacques, où les ensevelissements avaient été, comme partout, très-hâtivement faits et souvent aux heures nocturnes, on avait vu des bras qui sortaient de terre. Là, comme au cimetière Montparnasse, aux environs du Père-Lachaise, au cimetière Montmartre et plus particulièrement au cimetière qui avoisine le Trocadéro, des victimes incomplètement tuées et jetées avec l’amas des morts dans les fosses communes, avaient lutté dans la terre et conservaient encore les torsions horribles de leur violente agonie. La nuit on avait entendu leurs cris et leurs gémissements que couvraient les bruits du jour.

L’inhumation d’un si grand nombre de cadavres était impossible. Il fallut trouver un procédé plus rapide. On agita un instant la question de

  1. Encore quatre mois après, les agents de l’autorité renversaient les monuments funèbres élevés par les familles à la mémoire des gardes nationaux, arrêtaient les personnes occupées à les relever et empêchaient les parents d’apporter des souvenirs et des fleurs sur les tombes.