Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/218

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terrogatoires faits à Versailles que la plupart de ces dames étaient des locataires de ces établissements. »

Les journaux étrangers, naturellement mis sous le boisseau par la presse française, rendaient au contraire hommage à la dignité des prisonnières. « J’ai vu, disait l’un d’entre eux, une jeune fille habillée en garde national, marchant la tête haute parmi des prisonniers qui avaient les yeux baissés. Cette femme, grande, ses longs cheveux blonds flottant sur ses épaules, défiait tout le monde du regard. La foule l’accablait de ses outrages elle ne sourcillait pas et faisait rougir les hommes par son stoïcisme. Si la nation française ne se composait que de femmes, quelle terrible nation ce serait ! »

C’est que, depuis deux mois, dans Paris abandonné par les courtisanes, la vraie Parisienne était apparue, forte, dévouée, héroïque, comme les femmes de l’antiquité. On avait vu ces filles et ces femmes du peuple traverser les balles pour aller relever les blessés, porter le pain aux

    nistrateurs firent fermer les maisons de tolérance de leurs arrondissements, notamment dans le IIme, et interdirent absolument aux femmes publiques l’accès des trottoirs.