Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/220

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tenir. Toutes vos femmes sont en larmes et les nôtres ne pleurent pas. »


Dès que les convois était signalés sur la route de Paris ou sur celle de Saint-Cloud, des milliers de personnes accouraient de tous les côtés. Qu’on se figure, disaient les journaux conservateurs, des troupeaux haletants, poudreux, composes de milliers de personnes mêlées de beaucoup de femmes, les unes en haillons, les autres en blouse, la plupart en uniforme de gardes nationaux, de zouaves, de garibaldiens ou de volontaires. Les soldats qui, au 18 mars, s’étaient rangés du côté du peuple, marchaient les mains liées, la capote retournée. Ceux-ci, le sac au dos avec le bidon, ceux-là chargés d’habits ou de valises, fatigués, couverts de sueur, presque insensibles aux huées de cette foule qui les appelait assassins et bandits. La plupart appartenaient à la classe ouvrière et aux rudes métiers de la carrière, de forgeron, de mécanicien, de fondeur, de maçon ou de charpentier ; d’autres aux professions essentiellement parisiennes de peintre, imprimeur, etc. Les gamins, presque des enfants, de douze à seize ans, marchaient au milieu d’hommes à tête et à barbe blanches qui étaient en grand nombre. Ceux-là se traî-