Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/224

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de commisération. Sur la place d’Armes, deux rédacteurs des journaux les plus enragés de Versailles, écœurés à la fin de tant d’ignominies, voulurent élever la voix, faire respecter les vaincus. Immédiatement entourés, bousculés, maltraités, on les saisit et ce fut à grand’peine qu’ils purent être conduits au poste sans être mis en lambeaux. A Paris, beaucoup de personnes qui avaient manifesté sur le passage des prisonniers des sentiments de commisération, furent arrêtées et souvent jointes aux convois. L’arrestation de Rochefort n’avait pas été moins odieuse. « De tous côtés, disait le Français, on entendait les cris : « A mort ! à mort ! » Près de la porte de la prison, un spectateur ayant crié : « A la lanterne ! » ce cri fut immédiatement répété par toute la foule ! »

Et voilà ces civilisés de Versailles qui devaient faire rentrer la France dans la voie de la civilisation ! Combien, malgré les souffrances affreuses de deux mois de siège, ces brigands de Paris furent bons et humains à côté de ces honnêtes gens ! Quand a-t-on insulté un prisonnier dans le Paris de la Commune ? Quand peut-on citer une seule scène semblable aux sauvageries qui journellement se produisaient à Versailles ? Quel