Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/246

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chefs d’ateliers, ses contre-maitres, ses ajusteurs, toute cette pléiade d’ouvriers, véritables artistes, qui donnent à sa fabrication un fini parfait et un cachet particulier, périrent, ou furent fait prisonniers, ou émigrèrent. La cordonnerie perdit la moitié de ses ouvriers, douze mille sur vingt-quatre mille ; l’ébénisterie, plus d’un tiers ; dis mille ouvriers tailleurs sur trente mille, à peu près tous les couvreurs, peintres, plombiers, zingueurs, disparurent. La ganterie, la mercerie, la corsetterie, la chapellerie subirent les mêmes désastres. Les plus habiles bijoutiers s’enfuirent en Angleterre. L’ameublement, qui occupait auparavant plus de soixante mille ouvriers, dut, faute de bras, refuser les commandes[1]. Un grand nombre de patrons ayant réclamé le personnel de leurs ateliers fait prisonnier, les Mummius de l’état de siége répondirent qu’on enverrait des soldats pour remplacer les ouvriers.

  1. Rapport présenté pendant le mois d’octobre au conseil municipal de Paris. « Où est notre industrie ? » s’écriait, à ce propos, un journal fort peu sympathique à la Commune, le Peuple Souverain. « A Londres, aux États-Unis. Et il faut que nous payions cinq milliards ! On s’y perd ; on se demande en vérité quels sont les fous qui ont pu rêver et accomplir ces grandes exécutions. »