Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/255

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la prétention de M. Thiers, des criminels ordinaires, il aurait dû, pour être logique, demander au gouvernement prussien l’extradition de ses propres soldats, coupables pendant la guerre d’incendies de maisons particulières, d’édifices publics, de meurtres, d’exécutions d’otages : ou il fallait, déclarer franchement au monde que les faits de guerre sont des actes politiques quand ils viennent des gouvernants, des crimes quand ils procèdent de la résistance des gouvernés.

La presse versaillaise se répandit en injures contre la Grande-Bretagne qui, après avoir révélé dans ses journaux les atrocités commises par l’armée, se refusait à lui livrer de nouvelles victimes. Mais une nation comme l’Angleterre peut aisément supporter les injures de la Patrie.

Le Conseil fédéral suisse ne voulut pas non plus s’engager d’avance, et depuis il a dû, sous la pression de l’opinion publique, refuser l’extradition de M. Razoua.

En 1848, une seule plainte mâle, une seule grande indignation retentit, et encore au dehors de la Chambre : ce fut la sombre malédiction du vieillard Lamennais.

En 1871, une seule voix de la France se fit en-