Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/265

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cendier à mesure que les troupes régulières entreraient dans Paris[1].

On se souvient des fameux Bons pour une femme du faubourg Saint-Germain, trouvés sur les insurgés de juin 48, dirent les Figaros de l’époque. En 1871, on inventa les étiquettes gommées de la dimension d’un timbre-poste, portant les lettres (B. P. B.) (Bon pour brûler), les unes de forme carrée, les autres de forme ovale, portant au centre une tête de bacchante. Les chefs incendiaires les posaient à des endroits convenus sur les maisons destinées à être brûlées[2]. Des perquisitions faites chez le membre de la Commune Amouroux avaient amené la découverte du compte rendu de la séance du samedi 20 mai, dans laquelle on avait officiellement décidé l’incendie des principaux monuments de Paris. Cette séance avait été des plus orageuses. Le citoyen Beslay, qui essayait de s’opposer à ce vandalisme, avait été hué et maltraité, tandis que la Commune tout entière acclamait Delescluze, déclarant en style théâtral que s’il fallait mourir « on ferait à la liberté des obsèques dignes d’elles »[3]. On

  1. La Patrie.
  2. Liberté.
  3. Ibid. — M. Beslay n’assistait plus depuis cinq semaines aux séances de la Commune.