Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/268

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plus violent. Or, ceux qu’on avait trouvés étaient remplis de pétrole et d’esprit de vin[1].

Chaque jour on arrêtait des hommes ivres ou des enfants porteurs de tonneaux ou de fioles pleines de pétrole. Il n’était pas jusqu’à la colonne de Juillet que ces misérables n’eussent cherché à incendier[2]. Au faubourg Saint-Germain on avait découvert, d’après la Patrie, « le squelette calciné d’une pétroleuse ayant une pipe à la bouche. Ses vêtements étaient tout imbibés de pétrole. On suppose que c’est le feu de la pipe qui aura déterminé cette combustion. » Le journal ne disait point par quel miracle les vêtements avaient été préservés de l’incendie qui avait réduit le corps à l’état de squelette.

Mais on se lassa du pétrole ; il fallut trouver mieux. On imagina les vitrioleuses. Rien n’égalait, disait-on, la férocité de ces furies. En relevant des officiers ou des soldats tués aux barricades, on avait pu constater sur le visage de quelques-uns d’entre eux des traces de brûlures profondes qui venaient évidemment d’un liquide corrosif. Une prisonnière de Satory avoua que la défiguration, comme

  1. Paris-Journal.
  2. Gaulois.