Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/30

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On sait la résistance légendaire de la porte Maillot, commandée par le colonel X. Après six semaines de bombardement, l’armée versaillaise, couverte cependant par le Mont-Valérien, n’osa pas tenter l’assaut de ces remparts. Or, dix pièces seulement répondaient au feu des Versaillais, et il n’y eut presque jamais plus de deux servants par pièce. Souvent le même artilleur chargeait, pointait et remettait en place. Tous ceux qui ont osé s’aventurer dans ces terribles parages, ont pu voir un artilleur marin, nommé Craon, mort depuis à son poste, manœuvrant à lui seul deux pièces de 7. Un tire-feu de chaque main, il faisait partir en même temps les deux coups. Malgré les obus et les boîtes à mitraille, — on en compta plus de trente mille, — jamais les canons de la porte Maillot ne restèrent muets. Et cependant, certains soirs, il n’y eut pas six hommes pour les servir.

Le poste voisin, — la porte des Ternes, — ne contenait pas quelquefois cinquante gardes nationaux. Les rondes le long des remparts étaient à peu près inconnues, ou du moins très-rares. Vingt fois depuis le 18 mars, une colonne versaillaise, usant de certaines précautions, aurait pu, par une nuit noire, s’approcher des fortifications, franchir les fossés et les portes et, sans