Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/123

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en particulier. Lorsque son éducation intellectuelle, politique et économique, sous l’empire de la liberté du commerce, a été poussée assez loin pour que l’importation des articles des manufactures étrangères et le manque de débouché pour ses produits mettent obstacle à son développement ultérieur, alors, seulement des mesures de protection peuvent se justifier.

Un peuple dont le territoire est peu étendu et borné dans ses ressources, qui ne possède pas les embouchures de ses cours d’eau ou enfin qui n’est pas convenablement arrondi, ne peut user du système protecteur ou ne le peut du moins avec un plein succès. Il faut au préalable qu’il se complète par voie de conquête ou de négociation.

L’industrie manufacturière se rattache à tant de branches de la science et de l’art, elle implique tant d’expérience, tant de pratique et d’habitude, que l’éducation industrielle d’un peuple ne peut s’effectuer que lentement. Toute protection excessive ou prématurée, s’expie par une diminution de la prospérité nationale. Rien de plus dangereux et de plus blâmable que la clôture subite et absolue du pays au moyen de prohibitions. Elles peuvent se justifier, toutefois, lorsque le pays, séparé des autres pays par une longue guerre, s’est trouvé dans un état de prohibition forcée vis-à-vis des produits des manufactures étrangères et dans l’absolue nécessité de se suffire à lui-même.

En pareil cas, la transition graduelle du système prohibitif au système protecteur doit s’opérer au moyen de droits arrêtés d’avance et peu à peu décroissants. Un peuple, en revanche, qui veut passer de l’absence de protection au régime protecteur, doit commencer par de faibles droits, qui s’élèveront ensuite peu à peu suivant une échelle convenue.

Les droits ainsi arrêtés d’avance doivent être rigoureusement maintenus par l’autorité. Elle doit se garder de les diminuer avant le temps, mais les élever au cas où ils ne suffiraient pas.