Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/94

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Zollverein, il était naturel que l’auteur, esprit pénétrant qui a si bien mérité de l’industrie allemande, négligeât complètement la théorie et l’histoire. On y trouve par conséquent toutes les qualités et tous les défauts d’un ouvrage de circonstance. Un tel ouvrage peut rendre dans le moment un grand service, mais ne met pas à l’abri des complications de l’avenir. Supposons, par exemple, que les Anglais et les Français vinssent à abolir leurs droits d’entrée sur les produits agricoles et forestiers allemands, d’après l’argumentation de Nebenius, il n’y aurait plus de motif de maintenir le système protecteur en Allemagne. La Science de la police de Mohl contient beaucoup de vues très-saines sur le système protecteur, et l’on sait quelle part puissante et directe Hermann a prise à l’achèvement du Zollverein, et au développement de l’industrie bavaroise en particulier.

A cette occasion, je ne puis m’empêcher de mentionner ce fait, que les Allemands, en cela différents de toutes les autres nations, font des matières économiques l’objet de deux enseignements distincts ; sous le nom d’économie nationale, d’économie politique, d’économie publique, ils enseignent la théorie cosmopolite de Smith et de Say ; dans la science de la police, Polizeiwissenschaft, ils recherchent jusqu’à quel point l’autorité a mission d’intervenir dans la production, dans la distribution et dans la consommation des biens matériels. Say, qui est toujours d’autant plus tranchant qu’il connaît moins ce dont il parle, reproche sur le ton du persiflage aux Allemands de confondre l’économie politique avec la science de l’administration[1]. Comme Say ne savait pas l’allemand, et qu’aucun ouvrage allemand d’économie politique n’a été traduit en français, il doit avoir eu connaissance de ce fait par quelque grand homme de Paris qui avait voyagé. Au fond, cette division de la science, qui a donné

  1. « C’est par suite des fausses notions répandues par le système réglementaire, que la plupart des écrivains allemands regardent l’économie politique comme la science de l’administration. » Say, Cours d’économie politique, tome II, pag. 551. édition Guillaumin.