Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/96

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qui renferme tout en vingt lignes, tout ce qu’on peut dire sur Smith et sur son école, Marwitz le porta, la première fois qu’il lut Smith. Lui, jeune homme de vingt-quatre ans, entouré de savants qui professent pour Adam Smith un respect superstitieux, seul, il renverse l’idole d’une main forte et sûre, la met en pièces, et rit de la folie de ses adorateurs, et ce jeune homme appelé à ouvrir les yeux à son pays, au monde, on l’abasourdit de questions stupides dans un examen dont il se félicite d’avoir pu se tirer, et il devait mourir avant d’avoir compris sa grande mission !

Le plus grand économiste de l’Allemagne, son seul économiste à un certain point de vue, devait mourir sur la terre étrangère ; vainement vous cherchez son tombeau. Rahel seule fut son public, et trois observations écrites en courant dans des lettres intimes furent tous ses ouvrages. Que dis-je ? Marwitz n’a-t-il pas envoyé à Rahel six feuilles entières sur Adam Smith ? Puissent-elles se trouver dans les papiers que Rahel a laissés ! Puisse M. de Varnhagen vouloir bien les communiquer au public allemand !

    laisser les gens faire ce qu’ils voudront. Son point de vue est celui de l’intérêt privé ; que l’État doive en avoir un autre plus élevé, et qu’en vertu de celui-là l’industrie nationale doive suivre une direction tout autre que ne le désire celui qui ne poursuit que de vulgaires jouissances, il ne s’en doute pas. Combien une telle sagesse, développée avec une sagacité dont la profondeur seule peut venir à bout, avec du savoir, de l’érudition même, doit séduire un siècle tout entier placé au même point de vue ! Je le les et je le critique. Il ne se lit que lentement, car il conduit par un labyrinthe d’abstractions stériles au milieu de l’enchevêtrement artificiel de ses forces productives, où il est plus fatigant encore que difficile de le suivre. » — Page 61. «   Je viens d’en finir avec Adam Smith à ma grande satisfaction, car, vers la fin, quand il vient à parler grandes affaires d’État, guerre, justice, éducation, il devient tout à fait stupide. Il faudra que j’écrive sur lui avec détail ; cela en vaut la peine, car, avec Napoléon, c’est actuellement le monarque le plus puissant en Europe. » (Littéralement vrai.) — Page 73. « J’en suis à ma sixième feuille sur Adam Smith et j’aurai fini demain. J’emporterai à Berlin mon travail. » — Page 56. « L’économiste Krause copie Adam Smith de la façon la plus inepte et la plus impertinente, si platement qu’il va jusqu’à employer les mêmes exemples ; seulement, lorsqu’Adam Smith parle d’un fabricant de draps, il dit un fabricant de toiles ; et à la place de Calicut et de Londres, il met Tranquehar et Copenhague. » (Littéralement exact.)