Page:List - Système national d'économie politique, trad Richelot, 2è édition, 1857.djvu/98

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depuis Pitt jusqu’à Melbourne, sa théorie avait été exploitée par les ministres anglais pour jeter de la poudre aux yeux des autres nations au profit de l’Angleterre. J’en faisais un observateur, dont le regard saisit des grains de sable, des mottes de terre, des herbes ou des arbrisseaux, mais ne peut embrasser l’ensemble d’un paysage ; je le représentais comme un peintre qui retrace des détails avec une merveilleuse précision, mais qui ne sait pas en composer un tout harmonieux, et qui, ainsi, peint un monstre dont les membres sont parfaitement rendus, mais appartiennent à des corps différents.

Le trait caractéristique du système que j’expose, c’est la nationalité. Tout mon édifice est construit sur l’idée de la nation comme intermédiaire entre l’individu et le genre humain. J’ai longtemps balancé si je ne l’appellerais pas système naturel d’économie politique, dénomination qui aurait pu se justifier tout autant et peut-être mieux à quelques égards que celle que j’ai choisie ; je représente en effet tous les systèmes antérieurs comme n’étant pas fondés sur la nature des choses, comme étant en désaccord avec l’histoire ; mais j’ai été détourné de ce projet par la remarque d’un ami, que des hommes superficiels, qui jugent les livres principalement d’après l’étiquette qu’ils portent, pourraient y voir une exhumation pure et simple du système physiocratique.

Je ne me suis préoccupé, dans ce travail, ni de n’insinuer dans quelque docte camaraderie, ni de me créer des titres pour une chaire d’Économie politique, ni de me faire un nom comme auteur d’un manuel adopté par toutes les chaires, ni de donner des preuves d’aptitude pour un emploi élevé ; j’avais uniquement en vue les intérêts nationaux de l’Allemagne, et un tel but exigeait impérieusement une expression

    nations a fait mettre au feu ses manuscrits, par le même motif que Virgile demanda jadis la destruction, heureusement non accomplie, du poëme auquel il m’avait pas mis la dernière main ? On a vu, du reste, dans la Notice biographique, page 35, sous quelle impression List a écrit ces pages, que plus tard il a regrettées. (H. R.)