Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/308

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préoccupant à cet effet d’arrangemens minutieux. Quoiqu’il fût bien mal, ne se faisait certainement pas illusion sur son état, il s’obstina à ne point décommander les mesures qu’il avait ordonnées pour l’installation de son nouvel appartement. Bientôt, on commença à déménager certains objets et il arriva que, le jour même de son décès, on transportait quelques meubles dans des chambres où il ne devait plus entrer !

Craignit-il que la mort ne remplit pas ses promesses ? Qu’après l’avoir touché de son doigt, elle ne le laissât encore une fois à la terre.’ Que la vie ne lui fût plus cruelle encore, s’il lui fallait la reprendre après en avoir rompu tous les fds ? Éprouvait-il cette double influence qu’ont ressentie quelques organisations supérieures à la veille d’événemens qui décidaient de leur sort, contradiction flagrante entre le cœur qui pressent le secret de l’avenir et l’intelligence qui n’ose le prévoir ? Dissemblance si entière entre des prévisions simultanées, qu’à certains momens elle dicta aux esprits les plus fermes des discours que leurs actions semblaient démentir, qui néanmoins découlaient d’une égale persuasion ? Nous croirions plutôt qu’après avoir succombé à un impérieux désir de quitter cette vie, après avoir fait en Angleterre tout ce qu’il fallait pour abréger ses derniers jours, il voulut écarter tout ce qui eût pu laisser soupçonner cette faiblesse, qu’avec sa mauière de voir il eût jugé dans un autre romanesque, théatrale, ridicule. Il eût rougi d’agir comme les héros de mélodrames qu’il détestait,