Page:Liszt - Le Tannhaeuser, paru dans le Journal des débats, 18 mai 1849.djvu/15

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de nous approprier ce qui vit de notre vie, s’anime de notre souffle et tressaille de nos tressaillemens.

Biterolf l’interrompt vivement, et, dans sa rudesse chevaleresque, le provoque à un autre combat. Il a toujours, dit-il, rompu des lances pour l’honneur des femmes ; mais si cet honneur est inconnu à ce barde étranger, l’apologie des plaisirs vulgaires ne lui semble même pas digne du combat qu’il lui propose.

On applaudit à cette brusquerie guerrière, comme on avait applaudi tous les adversaires de Tannhaeuser, lequel lui répond avec mépris qu’en effet tout ce que la nature de loup féroce de Biterolf pourrait jamais ressentir de tendresse, de rêverie et de bonheur, ne valait guère la peine d’être disputé en champ clos.

Le tumulte survient ; le cliquetis du fer succède aux accords de la lyre ; Wolfram veut rétablir la paix, bannir toute image troublante de cette salle, de cette présence sacrée ; il invoque les plus hautes inspirations de l’amour pour chanter dignement cette divine essence des cieux qui seule nous y fait remonter.