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Page:Livre d'hommage des lettres françaises à Émile Zola, 1898.djvu/28

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Était-ce assez féroce pour un cryptogamiste ?… Que voulez-vous ? les losonistes sont, sans doute, comme les poltrons quand ils sont échauffés, ils perdent toute mesure. Mais la trahison n’est pas un crime ordinaire… elle peut amener le massacre de compatriotes… Comment [illisible] circonstance aggravante le traître était un officier qui vendait le reste de la Patrie à ceux qui venaient de nous ravir l’Alsace et la Lorraine…

Depuis, le doute est entré dans mon esprit, les révélations faites de tous côtés m’ont amené à réfléchir, et j’en suis, peu à peu, arrivé à me dire : et pourtant s’il n’était pas coupable !  ! Quand à votre tour vous serez pris de ce doute, et, soyez en certain, cela vous prendra, car la lumière filtrera jusque dans votre village, vous sentirez combien il est troublant de penser qu’une erreur a pu être commise et qu’un innocent subit le martyre !

Cette idée était arrivée à me troubler profondément ; aussi je vous avoue en toute sincérité que j’ai applaudi du fond du cœur à la lettre qu’Émile Zola adressait au président de la République. Oui j’ai admiré le courage de cet homme qui, alors que beaucoup étaient encore à douter se levait et, tout seul, avec l’autorité de son grand nom et le prestige de son génie, venait s’offrir pour faire la lumière, pour calmer ses angoisses, celles de bien d’autres et les miennes.

La lumière si désirée par beaucoup (peut-être redoutée par d’autres) n’a pu être faite comme il se le proposait ; néanmoins ses détracteurs, forcés de répondre au chevaleresque écrivain, n’ont trouvé à opposer à ses affirmations si nettes que le moyen de silence ou des palinodies. Tout en paradant pour la galerie, et, bien que la