Aller au contenu

Page:Livre d'hommage des lettres françaises à Émile Zola, 1898.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

prendrez que ce n’était pas Zola que vous insultiez, mais vous-mêmes : et quand vous criiez : « À mort ! », que c’était sur votre liberté et sur votre vie que vous déchaîniez le meurtre !

Octave MIRBEAU


Nous n’aurions pas le droit d’intervenir dans l’affaire Zola parce qu’étrangers ? Mais tout homme, étranger ou non, a le droit et le devoir d’intervenir dans une affaire comme celle-ci.

Dans le sentiment de la moitié des Belges, la France n’est pas seulement une nation amie, c’est une nation sœur, et elle le resterait même si toute amitié venait à disparaître. Pour des raisons de langue et de race, un gros morceau de la Belgique est une terre française à laquelle d’heureux hasards historiques ont permis de conserver une autonomie perdue par les autres parties de la Gaule. De même que les Belges du Nord vivent moralement et intellectuellement avec les Néerlandais de Hollande, les Belges du Sud aiment et pensent à peu près comme les Français de Paris, et s’il y a un reproche à faire à quelques-uns d’entre eux, c’est d’être tellement francisés de cœur et d’esprit qu’ils en oublient parfois leur devoir d’être d’abord eux-mêmes et qu’ils se contentent trop souvent d’un patriotisme superficiel. Socialistes, progressistes, doctrinaires, catholiques même, nous sommes ici en général très attachés à certaines petites libertés. Nous croyon» qu’il est indispensable de pouvoir parler, écrire, se réunir, manifester, même quand cela déplait au gouvernement ; nous enten- 75-