Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Dieu, et penser et regarder se aultre lui fortrait l’amour que il doit avoir, et que jamaiz ne l’aymera, et que la joie de leur mariage seroit perdue, et leur mariage tourné à déclin et tournera de jour en jour.

Et une chose, dont maintes se donnent mal, est jalousie et fait grant soussi et estroit penser, et pour ce a cy bon exemple comme l’en doit amesurer son couraige et son penser.




Cy parle de la bourgoise qui se fist ferir par son oultraige
Chappitre XVIIIe


Après ne doit l’en point à son seigneur estriver ne luy respondre son desplaisir, comme la bourgoise qui respondoit à chascune parolle que son seigneur luy disoit tant anvieusement, que son seigneur fut fel et courrouscié de soy veoir ainsi ramposner devant la gent ; si en ot honte, et lui dist une foiz ou deux qu’elle se teust, et elle n’en voulsist riens faire. Et son seigneur, qui fut yrié, haulça le poing et l’abbati à terre, et oultre la fery du pié au visaige et luy rompit le nez. Si en fut toute sa vie deffaite, et ainsy par son ennuy et par sa riote elle ot le nez tort, qui moult lui mesadvint. Il luy eust mieux valu qu’elle se feust teue et soufferte ; car il est raison et droit que le seigneur ait les haultes parolles, et n’est que honneur à la bonne femme de l’escouter et de soy