Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui ont meilleur renommée. » Si furent cestes paroles dictes devant plusieurs, dont la dame se tint pour nice et ne sçeut que elle luy deust respondre, dont plusieurs se prindrent à rire et dirent entre eux qu’il lui vaulsist mieulx un bon taire. Et pour ce, belles filles, a cy bonne exemple de prendre et tenir l’estat moyen et l’estat des bonnes dames de son pays et du commun du royaulme dont l’en est, c’est assavoir dont les plus des bonnes dames usent communément, et especiaulment les preudes dames, selon ce que chascune le doit faire ; car à prandre nouvel estat venu d’estranges femmes ne d’autruy pays, l’en est plus tost moquée et rigolée que de tenir l’estat de son pays, si comme vous avez ouy dire que le bon chevalier, qui saiges estoit et de grant gouvernement, en reprint la dame. Et saichiez de certain que celles qui premiers les prennent donnent assez à jangler et à rigoler sur elles. Mais, Dieu mercy, aujourduy, dès ce que une a ouy dire que aucune a une nouveaulté de robe ou de atour, aucunes de celles qui oyent les nouvelles ne finiront jamais jusques à tant qu’elles en aient la copie, et dient à leurs seigneurs chascun jour : « Telle a telle chose qui trop bien lui avient, et c’est trop belle chose ; je vous prie, mon seigneur, que j’en aye. » Et se son seigneur lui dist : « M’amie, se celle en a, les autres, qui sont femmes aussi sages comme elles, n’en ont point. — « Quoy ! sire, se elles ne se scevent arrayer, qu’en ay-je à faire ? puisque telle en a, j’en puis bien avoir et porter aussy bien comme elle. » Si vous dy qu’elles trouveront tant de si bonnes raisons à leur dit, qu’il conviendra que elles aient leur part de celle nouveauté