Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/140

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Chappitre XXXIe
D’une dame qui mettoit le quart du jour à elle appareillier


Une dame estoit qui avoit son habergement delez l’esglise. Si mettoit longuement à soy appareillier et attourner, si que il ennuyoit moult à la personne de celle eglise et aux parroissiens. Si avint par un dimenche qu’elle estoit moult longue, et tousjours mandoyst qu’elle feust atendue, comment que ce fust. Sy estoit moult haulte heure et ennuyoit à tous. Si en y avoyt plusieurs qui s’entredisoient : « Comment ! ceste dame ne sera mais huy pignée ni mirée ? » Si en avoit aucuns qui distrent : « Mal mirer lui envoit Dieux, qui tant de fois nous fait icy muser et attendre. » Et si comme il pleust à Dieu, si comme pour exemplaire, ainsi comme elle se miroit à celle heure, elle vit à rebours l’ennemy ou mirouer qui lui monstroit son derrière, si lait, si orrible, que la dame issy hors de son sens comme demoniacle ; sy fut un long temps malade, et puis Dieux luy envoya santé, et se chastia si bien que elle ne mist plus grand paine à soy arroyer ne estre sy longue, mais mercya Dieu de l’avoir ainsi chastiée. Et pour ce cy a bon exemple comment l’en ne doit pas estre ainsi longue à soy arroyer et se appareillier que l’en en perde le saint service ne le faire perdre à autruy.