Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/149

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fut tout esbahy et esmerveillé et luy demanda : « Ma dame, à quel jeu ay-je perdu le bon temps, la joye et l’espérance que j’avoye en vous de vivre joyeusement ? » Et la dame lui respondit que tout cellui temps est passé ; car jamais je ne pense à amer ne avoir plaisance à nullui fors en mon seigneur. Et lors elle lui compta l’adventure qui lui advint. Si cuida moult la tourner ; maiz il ne peut, et, quant il vit qu’il ne pot et qu’elle estoit si ferme, si la laissa et dist à plusieurs la bonté et la fermeté d’elle, et l’en prisa et la honnoura plus.

Et pour ce a cy bon exemple comment l’on ne doit pas aler aux sains voiaiges pour nulle folle plaisance, fors pour le divin service et amour de Dieu, et aussy comment il fait bon faire prier et faire dire messes pour son père et pour sa mère et pour ses autres amis ; car aussy ilz prient et empètrent graces pour les vifs qui bien font pour eulx, comme ouy avez ; et aussy fait l’en bien de donner pour Dieu, car l’aumosne si acquiert grace de Dieu à celluy qui la donne, si comme ouy avez. Sy vous diray un autre exemple qui avint en une eglise qui est en ma terre, et a nom Nostre-Dame de Beaulieu.