Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/173

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bien lui siet. Je vous prye que j’en aye ; car je suis aussi gentil femme et vous aussi gentil homme, et aussy puissant comme elle et son seigneur, et avons aussy de quoy bien paier comme eulx. » Et trouvera raysons par quoy il convendra qu’elle en ait, ou la noise et le meschief sera en l’ostel, ne jamais n’y aura paix jusques à ce que elle en ait sa part aussi comme l’autre, soit droit, soit tort ; elle ne regardera pas que le plus de ses voisines en ayent avant, ne ne enquerra se les bonnes dames qui sont renommées et tenues pour saiges en ont encore prins telles nouveaultez ; il convient que elles aillent les premières comme firent celles qui cheyrent en la fange. Si est grant merveilles de telles cointises et de telles nouveaultez, dont les grans clercs dient que les hommes et femmes se desguisent en telle manière que ilz ont doubte que le monde perisse, comme il fist ou temps de Noé, que les femmes se desguisèrent et aussy firent les hommes ; maiz il despleut plus à Dieu des femmes que des hommes, pour ce qu’elles se doivent tenir plus simplement. Dont je vous en diray une merveille que une bonne dame me compta en cest an, qui est l’an mil trois cens LXXII. Elle me deist que elle et tout plein de damoiselles estoient venues à une feste de Sainte-Marguerite, où tous les ans avoit grant assemblée, et là vint une damoisele moult cointe et moult jolye, et estoit plus diversement arroyée que nulles des autres, et, pour son estrange atour, toutes la vinrent regarder comme une beste sauvaige ; car son attour ne sambloit à nul des autres, et pour ce eut-elle sa part des regars. Si luy demanda la bonne dame : « M’amie,