Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/188

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dist : « Sire, je me merveille moult que pour l’esbat et le delit de vostre fille a esté perdu maint bon chevalier et maint bon preudomme par sa joliveté. Il vous vaulsist trop mieulx que elle n’eust oncques esté née. » Et lors dist le roy qu’il disoit voir. Adonc il fist prendre sa fille par qui le mal avoit esté, si la fist despecier d’espées par menues pièces, et depuis dist devant tous qu’il estoit bien raison qu’elle feust ainsi despeciée, par qui tant de bonnes gens avoient esté mors et occis.




Chappitre LVIIe
De Thamar, qui fust femme Honain


Je vueil que vous oyez l’exemple de Thamar, qui fut femme Honain, qui estoit filz Juda, filz de Jacob et frère de Joseph. Cestui Honain fut trop pervers et felon et de mauvaise vie, laquelle je ne vueil pas toute dire, dont Dieux voulst qu’il en morut soudainement et piteusement. Et quant Thamar se vit sans seigneur, dont elle n’avoit oncques eu lignée ne enfant, se pensa que le père de son seigneur engendroit bien et qu’il n’estoit pas brehaing, et pour ce convoita à avoir sa compaignie folement et contre la loy. Et tant fist qu’elle vint couchier par une nuit avec luy, et le deceut tant qu’il engendra deux enffans, dont l’un ot nom Phares et l’autre Amon, dont moult de mal en vint et mainte tribulacion ; car les enfans qui