Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Dieu, et l’ame, et l’amour de ses parens et l’amour du monde. Sy vous pry moult doulcement comme mes très chières filles que vous y pensez jour et nuit quant mauvaises temptacions vous assauldront, et que soiés vaillans et seures et resistez fort encontre, et regardez du lieu dont vous estes e quel mal et deshonneur vous en pourroit venir.




Chappitre LXIIIe
Cy parle sur le fait d’orgueil


Or vueil touchier sur le fait d’aucunes femmes qui se orguillirent des honneurs et des biens que Dieu leur avoit donné et ne povoient souffrir à aise, si comme il est contenu en la Bible. Il recompte de Apamena, fille d’un chevalier simple qui avoit nom Béjart. Celle Apemena fust belle et juenne, et tant que le Roy de Surye, qui estoit moult puissant roy, la prist en amour, tellement que par sa sotize il la prinst à femme, et fust royne, et quant elle se vit en sy grant puissance et sy honnourée elle ne prisa riens ses parens, et avoit honte et desdaing de les veoir ne encontrer, et devint fole et orgueilleuse sur toute riens, mesmement ne daingnoit-elle porter au Roy si grant honneur comme elle devoit, pour ce qu’elle le veoit simple homme et debonnaire, et ne daignoit honnourer les parens du roy, tant fust orguilleuse et fière. Et tant fist que toutes manières de gens la prindrent