Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/207

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grant meschief, et quant il fust pris et le gibet fut levé les amis de luy alèrent à la royne courant et lui comptèrent comment Aaman vouloit faire à cellui qui l’avoit nourye. Et la royne y envoya tantost pour celluy fait et envoya querre cellui Aaman ; si vint devant le roy, et fust la chose bien enquise et diligemment, tant qu’il fut trouvé que Mardocius n’avoit coulpe, et que l’autre le faisoit par envie. Adonc la royne Ester se agenouilla devant le roy son seigneur, et requist que l’en feist autelle justice de Aaman le seneschal, et qu’il feust pendu devant sa porte et ses vij. enffans, pour monstrer exemple que faulsement et par envie l’avoit jugié. Et ainsi comme la bonne royne le requist il fust fait, et lui avec ses vij. enffans fut pendu devant sa porte, par son orgueil et par son oultrecuidance et par le fol conseil de sa femme. Dont c’est grant folie à un homme qui est venu de petit lieu et de néant de soy orgueillir ne se oultrecuidier pour nul bien terrien qu’il ait amassé, ne mesprisier autrui ; ainçois, se il est sage, il se doit à tous humilier, affin de cheoir en la grâce de tous et affin que l’en ne ait envie sur lui. Car l’en a plus souvent envie et despit sur gens qui viennent de petit lieu que sur ceulx qui sont de bon lieu et d’ancesserie. Et aussy la femme ne fut pas saige, quant elle vit l’ire et le courroux de son seigneur, de le soustenir en sa folie. Car toute saige femme doit bel et courtoisement oster l’ire de son seigneur par doulces paroles, et espéciaulment quant elle le voit esmeu de faire aucun mal ou aucun villain fait dont deshonneur ne blasme leur en peust venir, si comme fist la femme à Aaman, qui ne reprist