Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/223

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Cy parle de desdaing
Chappitre LXXVe


Belles filles, je vueil que vous oyez l’exemple de Michol, la femme David, qui fut fille au roy Saül. Le roy David, qui saint homme estoit, aimoit Dieu et l’esglise sur toute rien. Sy avint que, à une grant feste qu’ilz faisoient devant l’arche, où estoit le saint pain de la manne qui vint du ciel, dont les pères furent rassasiez, et les tables de la loy, et la verge dont Moyse avoit fait partir la mer, et, pour honnourer Dieu, le roy s’estoit mis en la compaignie pour chanter et pour harper avecques les prestres, et se desmenoit et faisoit la plus grant joye qu’il povoit à Dieu et à l’eglise. Sa femme le regarda, si en eust desdaing et despit, et s’en bourda et lui dist que il sembloit un menestrel et un jongleur, en se mocquant de luy. Et le bon roy respondit que l’on ne se puet trop humilier envers Dieu, ne le trop servir, ne honnourer son esglise ; car de Dieu vient tout le bien et honnour que homme et femme pevent avoir. Sy en despleust à Dieu dont elle en avoit parlé ; sy fust de lors brehaingne et malade, et aussy comme toute separée de lui, parce que Dieu luy voulst monstrer sa folie ; car toute bonne femme doit esmouvoir son seigneur à servir et honnorer Dieu et l’esglise, ne ne doit point son seigneur mespriser de ce que il cuide bien