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reliés, ont ainsi constitué les sciences de l’espace, tandis que les Celtes ont perçu la consécutivité de la vie, compris ses forces et fixé les lois de la sériation dans le temps.

La philosophie sérielle, voilà précisément l’essence de l’esprit celtique[1]. C’est elle qui, en reconnaissant l’universalité de la série, met sur la voie de toutes les découvertes, lesquelles ne sont que le complément des termes inconnus de toute série quelconque. C’est cette philosophie qui, dès son premier principe, « la nature ne fait pas de saut », dépasse de bien loin toute la sagesse grecque et latine, et donne à l’homme de génie le moyen pratique de réaliser les inventions dont elle a déjà révélé la théorie.

En fait de croyances religieuses, les Romains avaient accepté celles du sale peuple hébreu à qui Moïse interdit la fornication avec les animaux[2]. De telles prohibitions indiquent une époque et une civilisation bien arriérées. Moïse parle, en effet, à son peuple comme à des sauvages ne marchant que par la crainte de châtiments éternels. Sous ce rapport, il n’y a pas de livres plus grossièrement bête que la Bible où tout est à l’avenant. Quelle sottise que ce déluge universel, comme si les nuages ou les mers pouvaient contenir assez d’eau pour submerger les plus hautes montagnes. Sous l’hagiographie puérile des Hébreux, on n’a pas reconnu les fables grecques. Adam et Ève, le paradis terrestre, les géants symbolysent la même époque qu’Uranus et Rhea, l’âge d’or et les Titans. Noé planteur de la vigne, c’est Saturne cultivateur des fruits. Sem, Cham et Japhet, ce sont Jupiter, Pluton et Neptune[3]. Sem peupla l’Asie, Cham l’Afrique et Japhet l’Europe. De même, l’Asie était le domaine de Jupiter, surnommé Asios, c’est à dire l’Asiatique, l’Europe celui de Neptune, et l’Afrique celui de Pluton : ce qui signifie simplement que l’Asie est aérée, l’Afrique chaude et l’Europe humide. Car Jupiter est l’air, Pluton le feu, Neptune

  1. « Chez les Celtes les euhages, classe de savants au-dessus des bardes, scrutent la série et tâchent de dévoiler les forces et les sublimités de la nature. » Timagène, cité par Ammien Marcellin l. XV. Voyez la note sur la philosophie sérielle, à la fin de ce volume.
  2. Lévitique XVIII, 23 ; XIX, 15 et 16.
  3. Voyez dans la note II la curieuse concordance entre les descendances des fils de Saturne et des fils de Noé.