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l’eau. Le Christ, sur son âne grotesque, entouré des bonnes faces des apôtres au milieu d’une jonchée de feuillages, nous représente Bacchus et la thiase. L’air efféminé du Juif et sa coiffure à la vierge rappelle le dieu Thébain « aux formes féminines[1]. » L’analogie entre les deux personnages est complétée par ce fait, qu’on célèbre la messe comme les Bacchanales en buvant du vin. L’amour du prochain est encore un trait commun aux chrétiens et aux orgiastes, mais la sensibilité du cœur, recommandée par l’Évangile, doit être obtenue sans l’abrutissement de l’esprit.

À la place de cette thaumaturgie primitive, les Druides enseignaient la croyance en l’immortalité de l’âme et en ses existences successives. La nature fluidique de l’être vivant avait d’abord été révélé par l’étude la plus élémentaire des phénomènes de la vision qui suppose réciprocité dans l’émission des rayons. La preuve logique de ce premier aperçu était donnée par l’induction sérielle qui indique pour tout état un antécédent et un conséquent. Enfin la pratique du magnétisme confirmait cette doctrine. On sait, en effet, que le sujet magnétisé répond affirmativement quand on l’interroge sur la réalité de l’âme. De cette théorie si élevée découlaient les dogmes vraiment humains du libre arbitre, de la responsabilité, de la conscience et du progrès.

Nous croyons avoir démontré la supériorité des doctrines celtiques sur les conceptions hebraïco-gréco-romaines. Il reste à établir la même preuve à l’égard des Germains. L’invasion germanique fut la conséquence de la conquête romaine qui, pendant cinq siècles, épuisa la Gaule d’hommes et d’argent pour fournir aux exigences du fisc et de la politique impériale. Mais l’envahisseur n’a pas dû la victoire à son mérite personnel. Le Germain ne s’est jamais élevé au-dessus des bestialités guerrières de la concurrence vitale. Son idéal était de s’asseoir après sa mort à la table d’Odin et de partager avec lui un morceau du sanglier rôti qui restait toujours intact[2], en arrosant ce repas par de larges rasades. Durant sa vie, il tâchait de réaliser son ambition de guerre et de bonne chère au

  1. Expression d’Euripide dans les Bacchantes. L’analogie entre le Christ et Bacchus a été remarquée par Julien et prouvée par Plutarque, Questions de table, Sur le dieu adoré chez les Juifs.
  2. Consultez les Eddas.