Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/22

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du christianisme doit être dans l’œuvre de Jésus, ou bien elle ne sera nulle part, et on la chercherait vainement dans quelque débris de ses discours. Si une foi, une espérance, un sentiment, un élan de volonté dominent l’Évangile et se sont perpétués dans l’Église des premiers temps, là sera l’essence du christianisme, quelques réserves qu’on puisse faire sur l’authenticité littérale de certaines paroles et sur les modifications plus ou moins notables que la pensée de Jésus a dû subir en se transmettant de génération en génération [1].

  1. A vouloir chercher le Christ du pur Évangile, écrivait naguère un savant professeur d’Oxford, « nous arriverions graduellement a vider de son contenu l’idée que nous avons de lui, ou tout au moins à la réduire à quelque chose de très vague et de très général, quelque chose qui ne pourrait fixer la religion du monde. D’autre part, si nous rejetons cette méthode, et si nous admettons que le Christ doit nous être interprété par ce qui est sorti de lui, par toute l’impression qu’il a produite sur ses contemporains et sur la génération suivante, — et c’est ainsi que nous devons le prendre, si nous le considérons comme le centre de notre religion, — nous ne pouvons tracer nulle part des lignes de séparation ; nous devons le regarder comme vivant dans et par son Église, et se révélant de plus en plus complètement en elle. Nous devons le traiter comme étant, en un sens, une idée, ou, si l'on veut, un esprit qui trouve pour lui-même de nouveaux organes à chaque génération, et qui, par ces organes, développe continuellement de nouvelles facultés et s’assimile de nouveaux éléments de la vie humaine. Nous devons, pour employer une expression de Tennyson, tourner nos regards vers le Christ qui est et qui sera, autant que vers le Christ qui a été, comme vers le centre de nos espérances pour l’humanité ». E. CAIRD, Christianity and the historical Christ, dans The New World, VI, 21 (mars 1897), pp. 7-8.