Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/24

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Il se défie cependant des essences abstraites, et il s’est bien gardé, tout en disant que le christianisme est la religion absolue, ce qui est un propos hégélien, de donner une définition théorique de la religion, qui aurait été, par là même, la définition du christianisme. Il a mis l’essence du christianisme dans un sentiment : la confiance filiale en Dieu, le Père miséricordieux. Là serait toute la religion et tout le christianisme. L’identité de ce sentiment dans Jésus et dans les chrétiens ferait la continuité de la religion et l’immutabilité de son essence.

Mais cette essence, dans l’exiguïté de ses proportions, est-elle vraiment immuable, et pourquoi faudrait-il qu’elle le fût ? La miséricorde divine a-t-elle été comprise tout à fait de la même façon par les apôtres et par M. Harnack ? Les apôtres se faisaient du monde et aussi de Dieu, conséquemment de sa miséricorde, une idée assez différente de celle qu’insinue la péroraison de L’essence du christianisme. Or le sentiment n’est pas