Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/75

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s’assurer une part au royaume, comme l’intendant malhonnête a su se préparer un asile chez les débiteurs de son maître [1] ; il faut se résigner à la pauvreté, en songeant que la vie future réparera les misères de la vie présente, comme on le voit par l’exemple de Lazare [2] ; il faut se consoler de la mort du Sauveur lui-même, en se rappelant que, dans la dernière cène, quand Jésus a présenté à ses disciples la coupe symbolique, il leur a donné rendez-vous au festin du royaume de Dieu [3].

L’idée du royaume céleste n’est donc pas autre chose qu’une grande espérance, et c’est dans cette espérance que l’historien doit mettre d’abord l’essence de l’Évangile, ou bien il ne la mettra nulle part, aucune autre idée ne tenant autant de place et une place aussi souveraine dans l’enseignement de Jésus.

Les qualités de l’espérance évangélique sont aussi faciles à déterminer que son objet. Elle est d’abord collective, le bien du royaume étant destiné à tous ceux qui aiment Dieu, de telle

  1. Luc, XVI, 1-8.
  2. Luc, XVI, 19-25.
  3. MARC, XIV, 25.