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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/100

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« La chance ne nous avait pas favorisés parmi les Nouvelles-Hébrides, où nous n’avions en cinq semaines embauché que quatorze noirs et, poussés par le vent du Sud-Est, nous filions vers les Salomon.

« Alors, comme aujourd’hui, Malaïta était un bon terrain de recrutement et nous nous dirigeâmes vers Malou, à la pointe Nord-Ouest de l’île.

« Le mouillage, dont deux dangereux récifs défendent l’accès, l’un vers la pleine mer, le second à proximité immédiate de la côte, y est des plus difficiles.

« Quoi qu’il en soit, nous menâmes à bonne fin l’opération et, par un coup de dynamite, nous invitâmes à se présenter les noirs-qui étaient disposés à contracter un engagement.

« Une armée de pirogues, portant des centaines de têtes crépues, entourèrent bientôt le navire. Nous leur exhibâmes des grains de colliers, du calicot, des hachettes, ainsi que divers autres objets susceptibles de les amadouer.

« Et du pont de la Duchesse, nous criâmes les délices du travail sur les plantations de Samoa.

« Mais, pour toute réponse, les noirs se contentèrent de rire. Il en fut ainsi trois jours durant.

« Le quatrième jour, un revirement se produisit. Une cinquantaine d’entre eux se présentèrent et ils signèrent un engagement, dans les formes accoutumées. C’était superbe !

« Ils furent logés dans la grande cale, avec permission, selon l’usage, de se balader sur le pont.

« À la réflexion, cet engagement massif aurait dû éveiller notre défiance. Mais nous pensâmes,