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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/101

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sur le moment, que quelque chef puissant était intervenu. Il avait sans doute donné des ordres, auxquels on avait obéi.

« Le matin du cinquième jour, deux de nos canots se rendirent à terre. Ils emmenaient avec eux le capitaine, le subrécargue, l’agent spécial de recrutement, qui escomptait de nouveaux succès, et mon collègue, le deuxième lieutenant. La majeure partie de l’équipage, des indigènes des îles Gilbert, avait pareillement embarqué, pour le plaisir de se dégourdir les jambes.

« Par précaution, les deux canots étaient armés, quoiqu’il ne fût rien prévu de fâcheux.

« Saxtorph et moi, nous étions demeurés seuls sur la goélette, avec quatre matelots et en compagnie des cinquante noirs embauchés la veille, qui, désœuvrés, flânaient sur le pont, fumant, jacassant entre eux, dormant ou feignant de dormir.

« Trois des matelots étaient occupés à l’arrière, avec Saxtorph, à gratter et à nettoyer la lisse.

« Le quatrième matelot, le fusil sur l’épaule, montait la garde près du réservoir d’eau, au pied du grand mât. J’étais à l’avant.

« Je me baissais pour ramasser ma pipe, que j’avais posée par terre, lorsque j’entendis un coup de feu tiré du côté du rivage.

« Je me redressai aussitôt, pour me rendre compte de quoi il s’agissait.

« Au même moment, je sentis derrière la tête un coup violent, qui m’étourdit à moitié et me fit choir sur le pont.

« Ma première pensée fut qu’un agrès était acci-